Témoignage d’une magnifique rencontre

Centre DSA Bungamati, 18  Novembre 2022

Petit D’Homme,

Tu étais là, lorsque nous sommes arrivés, la bas, dans ton centre. Au milieu de ton groupe,  semblant perdu mais néanmoins déjà relié aux autres, qui partagent ton même combat de vie..

Tu étais là, assis sur la couverture, étendu par terre,  sous la bienveillance de tes pairs, qui comme toi, avaient le regard voilé.  Vous sembliez tous, heureux, excités par cette visite, près à nous offrir votre meilleur.

Et vous l’avez fait.

Le piano à bretelle, le tambour, et  la flute ont d’emblée donné le ton et  comme un seul cœur, vous vous y êtes joints en chantant…

Que d’émotion….

Quand, plus tard, je t’ai retrouvé, tu étais seul sur ce banc, dodelinant de la tête, cherchant probablement à percevoir ce que tes yeux ne pouvaient plus. Je me suis approchée de toi, je t’ai parlé, j’ai osé ma main sur ton dos  si fragile. J’avais tant de tendresse à te donner, sans bien même connaitre ton histoire. Dans un geste très doux, tu as retiré ma main. Était ce trop pour toi??  je peux tant le comprendre.

Le directeur du centre ,est venu se joindre à nous deux. Il m’a dit ton chemin de vie, le suicide de ton père, l’abandon de ta maman, les policiers qui te trouvent dans la rue. Depuis combien de temps y étais tu? Tu as  à peine 6 ans. Tu ne parlais pas, tu ne marchais plus. Voici 2 mois qu’ Ils t’ont amené , dans ce centre ,dirigé par cet homme Daya Ram. Celui ci, il a du croiser le chemin de Saint Augustin, qui disait: « La mesure de l’Amour c’est d’aimer sans mesure »

Que je suis heureuse  de te savoir maintenant ici. Tant de choses sont posées pour vous accueillir, vous aimer,vous aider, vous éduquer, avec un tel respect , une telle compassion et une telle confiance en vous.

Tous s’y mettent, les copains, les cuisinières, les aides de vie, les professeurs, et lui: Daya Ram  Maharjan orchestrant magnifiquement et cependant si humblement tout cela.

Voici maintenant ta famille. Tu seras musicien ou masseur, tu pourras lire en braille et faire bien d’autre chose encore. Mais surtout tu seras aimé et relié.

 Le temps du goûter approche. Le son de la cloche qui annonce ce moment, te réjouit. Tu prononces quelques sons, tu te trémousses de joie, interprétai-je?

Et dans un mouvement synchrone, ta petite main s’accroche à l’un de mes doigts, et à l’un de ceux  de Jean Pierre. Et tu te lèves, et tu marches , de façon incertaine, mais tu es droit. 

Je pourrais encore beaucoup parler de toi qui est rentré directement dans mon coeur, sans aucune effraction, comme ça. Tu l’ignores, je le crois, mais tu m’as fait un tel cadeau  de Vie.

A des milliers de Kilomètres, nous allons cheminer ensemble.

A toi Je te souhaite de vivre le meilleur,

A moi, je souhaite de tenter de le faire.

Merci petit d’homme.

 Tu t’appelles , semble t il, Russel.       

De Tika (Cathy de Suisse)

3 commentaires :

  1. Quelle émotion “Tika” à la lecture de ce récit, avec les mots qu’il faut, avec les mots qui vous touchent au plus profond de votre coeur… Connaissant le DSA, il n’est pas plus prégnant que de vous lire
    Merci pour eux de cette superbe approche qui nous les rend encore plus attachants et rayonnants 🙂
    Dudule

  2. Quel magnifique et émouvant récit vous nous faites de votre rencontre ! Merci pour votre témoignage. Nous n’avons pas pu revenir cette année mais espérons que nous retrouverons nos filleules l’année prochaine. Bonne fin de séjour.
    Sylvie

  3. Magnifique témoignage.
    Que d’émotions partagées rappelant des rencontres avec d’autres
    enfants “pas comme les autres” dans ce centre de “re-naissance”.
    Merci Cathy.
    Claire

Les commentaires sont fermés