La première rencontre de Régine avec la maison d’Aamma

Chez Aamma la providence comme salut

Les émotions sont à leur paroxysme et s’intensifient. En 2019, elles prennent racine et trois ans après elles sont incontrôlables.

Un après-midi de 2019, le premier voyage que je fais avec Ailleurs Solidaires, nous allons visiter une maison tenue par une vieille dame, Aamma, qui accueille des personnes âgées dans sa maison. Avec ses maigres moyens et l’aide d’associations telle que la nôtre, elle arrive à améliorer le quotidien de ces femmes rejetées par leur famille, sans abri et quelques fois dans un état physique diminué. Je suis intimidée tout en ressentant une vive émotion lorsque notre groupe va saluer les femmes qui bénéficient de la chaleur d’Aamma et qui sont réunies tout en haut de la maison, dans la belle véranda que l’association a permis de construite. Elle fait aussi office de cuisine et ça sent bon les épices, la cuisine et le thé Népalais. J’observe. Je suis dans la retenue. Je ne sais pas comment m’y prendre. Certaines femmes du groupe sont à l’aise et vont embrasser, toucher, parler aux petites dames aux peaux fripées mais heureuses de cet élan soudain.

Je suis obligée de prendre l’air, mon émotion se fait de plus en plus vive. Ça tombe bien, il n’y a quasiment personne dehors, à part une dame assise à l’ombre sur une chaise et qui ne me semble pas me voir. Par moment, des personnes du groupe qui sont dans la même retenue que moi et certainement en phase d’observation, sortent profiter de la chaleur naissante de cette belle matinée. J’essaie de retenir mes larmes, de les essuyer régulièrement. Heureusement, mes lunettes de soleil semblent bien jouer leur rôle. Elles vont rester vissées sur mon nez une bonne partie de cette visite.

Je commence à ressentir l’envie de m’approcher de la dame non voyante assise à l’abri du soleil sur une simple chaise. C’est à genou, que je commence le contact et en lui prenant doucement et délicatement ses mains. Un grand sourire ouvre son visage, montrant quelques dents isolées. Ses cheveux souples brillants et bien noirs lui arrivent aux épaules et un petit serre-terre les retient en arrière. Ses yeux minces sont en amande et je devine son regard aussi noir que ses cheveux. Elle engage la conversation et mes réponses ont le mérite de bien la faire rire. Nos pouces caressent nos peaux et sa main droite vient soudainement deviner les traits de mon visage. Nous restons ainsi un très long moment, les mains entrelacées et ce premier contact me bouleverse, m’émeut. Je suis plongée dans ses yeux éteints mais nos âmes sont connectées et ce toucher en dit long sur notre échange. Le visage de cette dame restera toujours intact, tout comme ces minutes gravées éternellement dans mon cœur. Mais j’étais loin d’imaginer la retrouver trois ans plus tard……..

Régine

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