Bonjour,
Le traditionnel teacher’s day a eu lieu aujourd’hui.
Mais tout d’abord, en arrivant dans l’école, j’ai vu le cuisinier, Monsieur Prem Kumar Sing, qui se reposait à l’ombre d’un petit arbre. Qu’il a maigri ! Il poursuit sa convalescence, et doit continuer à prendre un traitement, ainsi que faire baisser sa glycémie. Il a vraiment eu chaud, car selon les médecins il était vraiment très urgent de l’opérer (il a fallu lui enlever des bouts d’artères de la jambe pour remplacer certaines proches du coeur). Sans l’intervention d’Ailleurs Solidaires, l’issue aurait été rapidement fatale. Mais il est là, arborant fièrement sa cicatrice 😉
En début de journée, nous avons pu parler encore avec la principale, madame Hom Laxmi Gurung, et la questionner sur son parcours : elle l’a évoqué, très humblement, et son histoire est exemplaire.
5ème enfant d’une fratrie de 7, elle est issue de l’ethnie des gurungs, située proche de l’Annapurna. Les Gurungs sont les intrépides cueilleurs de miel sauvage, et sont réputés pour leur courage et leur force de caractère. Et en effet, Hom Laxmi en a fait preuve. Alors que ses parents, fermiers, ne pouvaient permettre à leurs filles d’aller à l’école, elle seule s’est accrochée (les autres se sont mariées rapidement), a étudié une fois les travaux fermiers terminés, puis a étudié en travaillant en même temps, alors que les contingences de la vie obligèrent ses parents à émigrer provisoirement en Inde. Elle a toujours voulu devenir enseignante, pour permettre à tous les enfants, même ceux qui ne le pouvaient pas, de faire des études. C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée à la tête de cette école, la dirigeant avec infiniment de bienveillance et de bonté, parfois de fermeté, avec beaucoup d’ambitions pour ses élèves.
Le principe du teacher’s day est une fête, joyeuse et respectueuse, organisée par les enfants en l’honneur du corps enseignant.
Ce matin, des filles répétaient une dernière fois leurs danses, d’autres enfants préparaient un repas ( très bon, haricots rouges très parfumés, mélange de légumes verts-poivron épicé mais pas trop, riz blanc) dans la cour, d’autres la sono, encore d’autres un chapiteau de bric et de broc ou les bancs et chaises… toute l’école s’affairait pour cette journée de fête, la bonne humeur et l’enthousiasme étaient perceptibles partout (les professeurs n’étaient pas de reste).. et contagieux. Il ne nous ont pas quittés même lorsque…. patatras, la mousson, en voulant participer à la fête, l’a précipitamment déportée dans une salle de classe alors que les premiers chants venaient juste de débuter.
Et personne n’a perdu sa bonne humeur, les bancs furent mis à l’abri, la sono illico presto rebranchée dans la salle de classe, le chapiteau sauvegardé tant bien que mal.
Tout le monde s’est alors regroupé (voire tassé) dans la salle de classe recevant habituellement une vingtaine d’enfants, et la sono a pu démontrer sa puissance.
Les danses, les chants, les applaudissements n’en eurent que plus de chaleur et le spectacle s’est déroulé dans son intégralité.
Une fois celui ci terminé et que tout fut remis en ordre par les enfants, ils profitèrent de la sono pour une “boum” improvisée.
Outre le fait que tout s’est bien déroulé et dans la meilleure humeur du monde, à aucun moment les professeurs n’eurent à intervenir (même dans l’organisation), il n’y a eu aucun état d’âme, frustration ou éclat de voix (il y avait pourtant des ados…). Au contraire, une grande solidarité et harmonie se sont dégagés tout au long de cet événement, et la complicité entre tous, grands ou petits, filles ou garçons, semblait une évidence inébranlable.
En fait, la pluie a peut être même sublimé l’instant, et la promiscuité renforcé l’union entre tous : l’année scolaire (qui débute en avril) s’annonce décidément bien.
En rentrant, en fin de journée, j’ai pris quelques photos des alentours la stupa : sérénité, spiritualité, calme se dégageaient, ce soir en particulier. Vraiment, cette ambiance des pèlerins en procession autour de la stupa, ces tables couvertes de bougies allumées, le murmure des prières, les fumées d’encens, c’est assez féerique.. En voici quelques photos :
Merci Olivier pour ce partage.
C’est très émouvant de revoir tous ces visages et d’apercevoir le cuisinier “debout” dans son élément.
Martine
Bravo au journaliste pour ce compte-rendu et finalement que les choses paraissent simples dans ce pays. Il pleut ! Pas grave, on continue la fête à l’intérieur… L’important n’est pas la météo mais la fête ainsi que l’humilité et la simplicité de Monsieur Prem Pumar Sing de se montrer tel qu’il est aujourd’hui, vivant et heureux.
Quelle belle leçon ! Moi qui était presque prête à “rouspéter” à cause des nuages de ce matin !!!!
Bonne journée à tous et plein de bisous.
Chantal