Témoignage d’Aline. Troisième enseignement

Dépasser ses limites

Aujourd’hui est mon dernier jour à l’école  d’Akashganga.
Pendant 3 semaines, j’ai pris la relève de Sidonie qui a fait un travail remarquable avec les élèves. Avant qu’elle n’arrive, les enfants ne parlaient pas un mot de français, aujourd’hui ils savent compter, écrire les nombres en français, connaissent les formules de politesse, ont appris plein de mots de vocabulaire et les plus grands ont appris à conjuguer.

Chaque journée d’école commence par une petite cérémonie à 9h30. Celle-ci est animée par un/une élève, chef d’orchestre de l’assemblée. Plusieurs élèves se succèdent pour prendre le micro, s’en suit une petite prière puis l’hymne népalais.  Cet hymne est magnifique, d’une part par sa musicalité et d’autre part par le message qu’il véhicule. Certains élèves saisissent les instruments et les autres élèves les accompagnent en chantant. Dans cet hymne, il est dit que toute personne est une fleur, vivant dans ce grand jardin qui est notre planète Terre. Chaque fleur est importante et à sa place dans ce jardin. Cet hymne est pour tous les habitants du monde quelque soit leurs cultures, leurs religions. Ceci est un bref résumé qui j’espère donne un aperçu de l’ouverture d’esprit de ce beau pays multiculturel.Après cette cérémonie, il est 9h50, c’est l’heure de se pencher sur les cahiers. Au son des percussions, les élèves rejoignent leurs classes les uns après les autres, de la classe des plus grands à celle des plus petits.

Il m’a été très difficile cette 1ère semaine de trouver ma place et de me sentir légitime à donner des cours à ces enfants. Je ne suis pas enseignante, voulant me sentir utile, inquiète de vouloir bien faire, de savoir quoi leur enseigner et comment m’y prendre. Ici, nous n’avons pas de support pour enseigner, on a cette liberté et celle-ci m’a déconcertée. Heureusement Mathis était présent cette première semaine et je me suis beaucoup reposée sur lui, il a vraiment bien géré. Je savais qu’il ne restait que pour 2 semaines et que par la suite j’allais être seule à enseigner. Cela m’a inquiété, sans cadre et sans support, je pensais que je ne pouvais pas bien faire les choses. Me sentant inutile je me suis confiée auprès de Jean-Frédéric qui m’a répondu : faut-il être utile ou juste faire les choses avec le cœur ? Cette simple phrase a transformé ma vision de la situation. Là où je me suis sentie inutile, je me suis rendue compte que je m’étais moi-même enfermée dans un mode de pensée avec le besoin d’un cadre bien précis, pour bien faire et faire le mieux possible, j’avais complètement oublié de faire les choses avec cœur, tout simplement. Jean-Frédéric a mis la lumière sur ce que je traversais et grâce à cela, je me suis abandonnée petit à petit à cette nouvelle liberté qui s’offrait à moi. Ainsi, j’ai pris ma place petit à petit et j’ai aimé de plus en plus chaque jour. L’interaction avec ces enfants est un vrai bonheur, leur sourire et leur soif d’apprendre est un vrai moteur et finalement l’inspiration vient et tout se passe bien.

Ainsi, tous les matins, 3 cours s’enchaînent avec 3 classes différentes.A chaque entrée dans la classe, les enfants se lèvent et nous accueillent en français. Puis vient la pause du midi à 12h50. Tous les enfants mangent sur place et souvent ils viennent adorablement partager leur dessert ou viennent pour poser des questions, ces échanges sont très touchants. Puis arrive l’heure du dernier cours pour moi qui commence à 13h30 et se termine à 14h30, les élèves studieux, eux, poursuivent leurs cours.

Cette expérience très enrichissante a été un vrai challenge pour moi. J’ai partagé de très jolis moments avec les enfants et avec les enseignants. Hom Laxmi, la directrice de l’école nous a donné toute sa confiance. Toute l’équipe enseignante nous a accueillis avec une grande bienveillance. Les enfants ont été débordants de dynamisme, tellement volontaires pour répondre aux questions que l’on a du mal à les garder assis sur leurs chaises et à les faire attendre leur tour pour être interrogés.

Ce dernier jour a été tout particulièrement rempli d’émotions. Les enfants m’ont offert plein de choses et m’ont écrit plein de jolis mots. Une classe m’a chanté une très belle chanson en népalais qui m’a émue aux larmes et d’ailleurs lorsque Ganga, enseignante népalaise qui m’a assisté pendant les cours où j’étais seule, m’a dit de stopper le cours car les enfants étaient chamboulés par l’annonce de mon départ, les larmes ont roulé sur mes joues. Je n’avais absolument pas pensé avoir cet impact auprès de ces petites merveilles, la culpabilité de leur faire de la peine est alors née en moi. Ces enfants nous donnent beaucoup d’amour et nous l’expriment, c’est magnifique, c’est de la joie mêlée à la peine de les quitter et le sentiment de ne pas leur avoir donné assez. Ces 3 semaines ont été riches et sont passées trop vite, ces enfants m’ont beaucoup apporté, je les en remercie de tout cœur.

 

Un commentaire :

  1. BRAVO pour votre dévotion et votre implication !

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