Au Temple de bois
Sous le soleil voilé d’un atmosphère souillé de poussières et de gravats, de brumes cendrées de Pashupatinath, dans la cohue des rues étroites et disloquées, s’élèvent les éclats de rire des enfants célébrant gaiement la joie de vivre en chaque jour, au milieu des klaxons étourdissants, du désordre vertigineux de la circulation et des parfums épicés de Katmandou.
De ses yeux clairs et bienveillants Bouddha Shakyamuni veille silencieusement sur le moine et le croyant, têtes baissées, récitant inlassablement leurs mantras, tournant d’une main les moulins à prières incrustés dans les murs du stūpa de Bouddhanath, de l’autre égrenant au son du « Om mani padme hum » leurs malas à mantras.
Hindouiste ou bouddhiste, chrétien ou musulman, juif ou chamaniste, quelles que soient votre religion, vos origines, votre couleur de peau, que vous soyez nantis ou démunis, cela n’a aucune importance, car aux yeux des Népalais nous sommes tous Un, unis au-delà de nos différences, pas de jugement ni de méfiance, juste un sourire, l’expression de la bonté naturelle et « Namaste ».
Amma, depuis bien longtemps ta porte est ouverte aux vieillards abandonnés, les oubliés de la rue, ton altruisme sans limite panse les blessures de ces femmes aux passés douloureux et fatiguées de vivre. Tu es le refuge de ces âmes meurtries par un monde instable et capricieux, elles attendent, un léger sourire aux lèvres, le prochain passage pour un dernier au revoir.
Enfants du D.S.A., dans vos yeux illuminés brûle la flamme incandescente de la vie, celle qui éclaire notre humanité. Vous transmutez vos différents handicaps en une force de vie incroyable. Nous vous remercions pour cette leçon d’humilité face à la vie. Vos petites mains délicates dansent dans les nôtres pénétrant nos fibres, d’un amour inconditionnel et d’une reconnaissance universelle.
Les petits enfants de l’École Akashganga, nous accueillent chaleureusement, avec une ferveur sans pareil, ils sont en liesse, applaudissant et riant aux éclats à notre passage. Leurs danses brodées de chants traditionnels sont un hymne à l’amour, fissurant nos dernières résistances, mettant ainsi nos cœurs à nus pour recevoir en nos poitrines un flot d’amour pur.
Comment ne pas repenser à nos soirées de partage autour de l’âtre flamboyant, à nos coeurs lourds de tourments, à nos déchirements personnels, à la joie d’être écouté et entendu, au plaisir de se sentir compris et entouré, au bonheur d’être ensemble et réconforté.
Brille dans les yeux généreux de ces hommes et de ces femmes aux cheveux noirs, aux yeux plissés et au teint foncé, le respect de la divinité sacrée se trouvant en chaque être humain. « Le mal jaune » de l’Asie n’est assurément pas une légende, il entre insidieusement par nos sens et les pores de notre peau blanche jusqu’aux tréfonds de nos entrailles pour y déposer l’étincelle de la bonté et de la simplicité.
On ne peut quitter ce pays merveilleux sans une faille au cœur, sans repenser aux bras ouverts qui nous ont étreint avec tant d’amour, tant d’humanité, aux menottes fragiles des enfants, aux mains calleuses des hommes, aux mains frêles et décharnées des viellards. Toutes ces mains serrées avec tant de chaleur, d’amabilité et de remerciements.
Oh toi Népal, pays creusé de vallées verdoyantes adossées au toit du monde, parsemé de temple carmin, de ton sol ocre-rouge s’envole vers les cimes des neiges éternelles ta poussière tachées du sang des guerres, des séismes et des souffrances perpétuelles, mais ton âme immortelle souffle à jamais en mon coeur et mon esprit le délicieux chant du vent frais de l’Himalaya.
Je ne t’oublierai jamais, à l’année prochaine ! Namaste !
Patrick
11/12/2016 – Voyage « Ailleurs Solidaire » du 19/11/2016 au 03/12/2016
(Le temple de bois est l’ancien nom de Katmandou)
